Cousine?

**Morwyn**

Il faisait froid. L'hiver commençait à prendre du terrain sur la saison chaude. L'air frais imprégnait complètement le petit corps de Noptia. Pourtant, elle était tel un radiateur ambulant. Ce qui ne l'empêchait pas de grelotter. Elle ferma ses yeux aveugles et analysa les sensations autour d'elle. Elle sentit les courants d'air, elle entendit les frémissements des insectes dans les herbes. Des herbes? Non, elle sentait également les parfums des fleurs qui commencent à se refermer en prévision du givre. Elle se concentra et rouvrit les yeux, les levant vers le ciel. D'après la lumière qui parvenait à éclaircir les ténèbres de sa vision inexistante, elle conclut que le soleil était au rendez-vous. Une chance. ça ne durerait sûrement pas très longtemps. Elle s'assit, jambes croisées, et réfléchit. Elle ne savait pas très bien où elle était. Qui sait? Peut-être était-elle dans le territoire du clan du cerf. Ou du loup. Non, à ce qu'il parait, les loups ont beaucoup d'eau et de roches sur leur territoire. Ou bien elle n'était sur le territoire de personne. Elle se réjouit à cette pensée. Personne ne viendrait la déranger ! Elle n'avait pas besoin de compagnie, non, vraiment pas besoin. Elle ne parlait presque pas, en plus. Elle ne voyait aucun intérêt à ses semblables. La fillette bailla à s'en décrocher la mâchoire. Le mieux, c'était de faire des siestes. Elle n'arrivait pas à dormir une nuit complète. Soit c'était le froid qui l'éveillait, soit un bruit, soit une bestiole qui lui grimpait un peu trop dessus et venait la chatouiller. Noptia n'avait rien contre les bestioles -dans sa condition, ça aurait été misérable, avouez-le. Vous vous imaginez? Une petite fille un peu froussarde qui craint les bêtes ne pourrait pas tenir un mois dans la nature, seule. Surtout pour dormir. Au début, c’était l’anxiété constante. Personne au monde n’aime avoir des insectes sur le corps, bien heureusement Noptia n’avait jamais été des filles qui hurlaient à la moindre petite bête. Elle avait mis quelques jours à s’y habituer ; de toute façon, d’autres pensées la tenaient éveillée. Un meurtre. Sans cesse elle revoyait les visages horrifiés des membres du clan du Renard devant le récit plein de haine du meilleur ami d’Astauf, qui la décrivait comme une fille féroce, une furie dangereuse, pendant qu’elle restait, le regard vide, traumatisée, dans sa tanière. La décision de la bannir avait alors prit quelques jours, puis elle s’était retrouvée livrée à elle-même.
Elle se releva et avança un peu dans le champs de fleurs. Au final, enveloppée dans sa cape de fourrure fine, le capuchon dans son dos, la température n'était pas si désagréable. Elle parvenait presque à se sentir bien. En fait, ce serait beaucoup mieux si elle avait des chaussures. Son visage, il y a quelques instants rêveur, se fit de nouveau mélancolique. Un bruit la fit sursauter. Un bruit de pas. Elle tourna la tête pour tenter de le localiser. Il était derrière elle. Elle se retourna et fit face, à priori, à l'intrus qui se trouvait derrière elle. Elle écouta, aux aguets. La respiration de l'être vivant avait un rythme régulier. Ni trop rapide, ni trop lent. C'était sûrement un humain. Oui, c'était même certain. Elle attendit un instant. Comme l'inconnu ne disait rien, elle demanda de sa voix douce :

"Qui êtes vous? Qu'est-ce que vous voulez?"

Elle attendait patiemment, mais elle était inquiète. Ses yeux aveugles tentait de se poser précisément sur l'humain.

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Ombre faisait les cents pas dans sa tente énervée et fatiguée à la fois. Elle avait tenter de dormir, mais en vain, elle avait voulu admirer les étoiles dans le ciel nocturne mais le froid lui en avait fait passer l'envie. Découragée et trop vite à son goût, la rouquine chercha une occupation qui l'occuperait pendant un moment. Elle contempla l'intérieur de sa tente, il y avait des plantes ici et là, c'était tellement dans un désordre absolu que l'on aurait pût se croire dans une forêt, il y avait un "coin" où elle y entreposait les remèdes, un autre pour ses vêtements et tout ce qui suit et un où se trouvait son hamac de lianes tressées. Elle enleva ses bottes en peau, s'assit en tailleur puis ouvrit sa sacoche où elle rangeait ses collectes du jour et commença à trier tout ça. Elle faisait des petits tas tout en se rappelant leurs propriétés. Du tilleul pour les inflammations, du thym comme fortifiant et du tamier comme vomitif, elle fronça les sourcils, ce n'était pas beaucoup serte. Mais c'était ce qu'il manquait pour le moment, surtout que le froid arrivait à grands pas. Elle prit soigneusement les petits tas un à un et mit les tas dans un genre de petite étagère. Elle rangea un petit peu sa tente, s'allongea dans son hamac et regarda droit devant elle. Elle laissa son esprit divaguer et ses souvenirs remonter à la surface, elle pensait vaguement à sa cousine bannie lorsque le sommeil vint la chercher.

Ombre rêva du jour où sa cousine, Nopti Albë, s'était fait bannir. Ce jour là, la rouquine avait treize ans tandis que sa cousine six, c'était un jour ensoleillé et assez agréable, Ombre avait salué sa cousine puis une amie de cette dernière l'avait amener avec elle pour jouer. Après ça, Ombre ne l'avait pas revu avant le soir où elle avait entendu dire que Nopti avait tué un prénommé Astauf. Puis Nopti fut bannie du clan.

Le matin se levait doucement et la renarde se demandait parfois comment cela faisait de ne pas avoir de totem. Pour Ombre avoir un totem c'était merveilleux et elle était un peu triste pour eux qui n'en possédaient pas mais généralement ceux qui en n'ont pas ne le mérite pas. Elle regarda le niveau de ses remèdes et remarqua par hasard qu'il fallait des bleuets et le plus vite possible de préférence. Elle mit une peau de lièvre comme brassière et un short en peau, ses bottes et sortit de sa tente. Elle observa les nuages puis le sol et jura silencieusement. Du givre. Le pire cauchemar des plantes médicinales et des mages en cueillette. Il falait qu'elle trouve des bleuets et vite si elle ne voulait pas qu'ils meurent tous du froid. Elle prit la direction du vieux chêne sans prendre la peine de se remplir l'estomac avant. Elle se transforma en renarde et se mit à courir, une fois arrivée au vieux chêne elle se dirigea vers le sud direction : champ fleuri. Elle se re-transforma en humaine une fois à l'orée du champ. Elle sonda le champ du regard et vit une silhouette. Elle s'approcha doucement et prudemment, tandis que la silhouette - qui s'avérait être une jeune fille bien plus jeune qu'elle - s'était retournée et demanda avec une voix incroyablement douce :

- Qui êtes vous? Qu'est-ce que vous voulez?

Ombre détailla la jeune fille avant de répondre et remarqua que celle-ci la cherchait du regard alors qu'elle était en face d'elle. La seule personne aveugle qu'elle eut connut était Nopti, hors en regardant mieux, cette fille lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Ombre calcula mentalement l'âge que sa cousine avait si elle était toujours en vie. Normalement elle devait avoir douze ans, et cette fille semblait âgée de cet âge. La rouquine répondit.

- Je m'appelle Ombre, je suis la mage du Clan des Renards... Je viens chercher des bleuets s'il y en a épargner par le givre. Et... est-ce bien toi... Nopti ?

Ombre attendit patiemment la réponse de son interlocutrice tout en regardant distraitement les fleurs alentours en quête de bleuets.

**Morwyn**

Noptia attendit la réponse de l'inconnu qui tardait à parler. Qu'est-ce qu'il attendait? Hein? C'était pas si compliqué de se présenter ou de s'en aller, non? à sa connaissance, personne n'avait plus de mal à communiquer avec les gens qu'elle même. Enfin bon... La personne devant elle devait être adulte. Pourquoi hésiter à adresser la parole à une enfant? Après tout, c'était pas si difficile, non?... Qu'importe, Noptia attendit dans la tension que l'humain se présente. Ce qui ne tarda pas plus longtemps. Malheureusement, ou heureusement.

- Je m'appelle Ombre, je suis la mage du Clan des Renards... Je viens chercher des bleuets s'il y en a épargner par le givre. Et... est-ce bien toi... Nopti ?

Ombre. D'un seul coup, le regard de Noptia se tourna vers elle. On aurait dit qu'elle la regardait droit dans les yeux, qu'elle la voyait. En vérité, c'était le son de sa voix qui avait permis à la fillette de localiser sa cousine. Ainsi donc, elle était mage? Pfouah. Noptia en eu la nausée, de dégoût. Elle se tournait vers des ancêtres qui avaient totalement renié une gamine. Qui l'avaient abandonné à son sort. C'était à en vomir, sérieusement. Ces retrouvailles ne l'émouvaient pas. Pas du tout, même. Ombre était comme tous les autres membres des clans ; elle n'avait pas protesté contre son bannissement, par exemple, et n'avait jamais tenté de la retrouver. Et elle s'attendait peut-être à ce que la petite fille se jette dans ses bras? Alors là, elle pourrait toujours courir. Jamais. De toute façon, ça ne changerait rien à la paisible et insignifiante petite vie d'Ombre, qu'elle existe ou non. Elle avait très bien vécu en la gommant du monde jusqu'à présent.
En un éclair, Noptia prit l'option de la feinte. Elle fit semblant d'être totalement déroutée.

"Euh... Pardon? Je crois que vous vous trompez de personne..."

Elle commença à s'éloigner et à marcher normalement, comme si elle y voyait très clair, puis elle entendit des pas dans les herbes et fleurs derrière elle. Ombre la suivait. Noptia stoppa net et lui fit de nouveau face.

"Arrêtez de me suivre"

Cette fois, son ton était sec, tranchant. Elle commençait à être vaguement inquiète. Si sa cousine l'avait vraiment reconnue, alors Noptia devrait peut-être sans aller sans demander son reste. L'idée de discuter avec elle était très inconvenante. De plus, elle avait peur de ce qu'Ombre pourrait lui faire. Pas la frapper, mais si elles avaient une vraie conversation, Nopi Albë ne pourrait pas savoir si son issue lui serait garante, ou l'inverse. Et l'inconnu, le fait de faire sans être certaine de s'en sortir la terrorisait.

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O

Euh... Pardon? Je crois que vous vous trompez de personne...

L

Arrêtez de me suivre.

A

Nopi Albë, je sais que c'est toi arrête de faire semblant. Si je le pouvais je te ramènerai au clan mais tu le sais autant que moi que je ne le peux pas.

L

**Morwyn**

- Arrêtez de me suivre.

Un silence pesant s'installa, lourd, il remplissait l'atmosphère et encerclait étroitement les deux jeunes filles. Noptia perçut un frémissement de la part de sa cousine plantée en face d'elle, comme si elle avait fait un mouvement avant de se raviser aussitôt. Qu'avait-elle eut envie de faire? Impossible à savoir pour l'aveugle.... Elle patienta. Elle se demandait, le coeur battant, quelle genre de réponse lui fournirait la mage du clan des renards. Elle espérait qu'elle allait penser qu'elle s'était trompée et ferait demi-tour. Ou alors, au fond de son âme, elle espérait de tout son coeur qu'elle la reconnaîtrait et la sortirait de sa vie misérable. Seulement, la partie de Noptia qui voulait vivre comme avant sous la protection de ses ancêtre était dominée par la rancune et la haine. Elle était enfouie au plus profond d'elle-même, et elle n'était sûrement pas prête d'en émerger. Ce n'était pas une petite entrevue avec Ombre qui allait lui faire tout d'un coup changer d'avis. Sa cousine lui répondit soudain d'une voix sèche et tranchante, comme Nopti Albe un peu plus tôt.

- Nopi Albë, je sais que c'est toi arrête de faire semblant. Si je le pouvais je te ramènerai au clan mais tu le sais autant que moi que je ne le peux pas.

Cette phrase agit comme un déclic chez la fillette. La rage la consuma soudain, la dévora comme un incendie lâché sur elle et sans eau pour l'en empêcher. Une colère incontrôlable la prit entre ses griffes. Elle se retint de saisir sa cousine, elle avait envie de lui donner des coups, de la frapper, ou même de la tuer. De lui faire payer.

"QUI a dit que j'avais envie de retourner dans le clan? Dégage ! Dégage ! Laisse moi TRANQUILLE !" hurla-t-elle.

Puis, oubliant presque sa cécité, elle commença à courir, à s'enfuir aussi vite qu'elle le pouvait, mais cela ne put durer très longtemps. Presque aussitôt, elle se prit le pied dans un terrier et se tordit la cheville avant de s'écraser au sol. Elle réprima un juron. Couverte de givre, comme si elle avait été prise dans la neige, elle se redressa lentement. Sa rage était passée d'un coup, remplacée par une lassitude qui l'affaiblissait presque plus que la douleur à sa cheville. Elle se releva, un peu tremblante. Sa cousine. Elle l'abandonnait, elle était aussi lâche que les autres, et maintenant elle venait lui dire qu'elle voudrait être de nouveau avec elle. C'est ça. Elle s'était rangée du côté de leurs ancêtres. Il n'y aurait plus jamais de lien entre Noptia et elle. Elle se mordit la lèvre tellement fort que le sang commença à perler ; évidemment, avec le froid, elle avait déjà les lèvres gercées. Elle s'essuya d'un geste presque machinale et se tourna vers Ombre. Elle garda le silence, en attendant que sa cousine dise quelque chose.

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La mâchoire d'Ombre resta tendue au point qu'elle en aurait sûrement des crampes. Elle savait que ses paroles allaient produire un certain effet sur la fillette, mais lequel.... C'était la question. Elle détailla le visage de sa cousine, une rage était nettement visible. La rouquine ne pipa pas un mot et se contenta de serrer les poings, ses jointures devenant blanches sous l'effort. Elle avait tellement envie que sa cousine puisse rester au sein du Clan du Renard, mais un meurtre même involontaire reste un meurtre, et puis si elle serait resté... Pas tous n'auraient été compatissants. Elle eut une envie de grogner mais ne fit rien écoutant Nopti.

- QUI a dit que j'avais envie de retourner dans le clan? Dégage ! Dégage ! Laisse moi TRANQUILLE !

La jeune mage avait écouté les paroles hurlées de sa cousine, légèrement peinée. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle fonde dans ses bras comme de la neige en été, mais bon. La fillette partit en courant entre les fleurs soulevant leurs parfums en les effleurant. Elle courrait vite, trop vite. Elle allait se blesser ! Ombre se transforma en renarde et la suivit en courant. Nopti se prit le pied dans un terrier et sa cousine put " admirer " la cheville de la fillette se tordre et la renarde eut le réflexe de fermer les yeux au moment de la chute. Elle rouvrit ses yeux noisettes et s'approcha les oreilles plaquées sur la tête et la queue basse en gémissant plaintivement.

Elle n'aimait pas voir des gens blessés, c'est aussi pour ça qu'elle était devenue mage. La fillette était couverte de givre comme si elle était restée immobile pendant plusieurs jours et que celui-ci se soit déposé comme une fine couverture argentée. Mais la rouquine resta immobile, debout à la fixer. Elle regarda sa cousine se mordre la lèvre si fort que le sang perlait doucement, elle essuyait les gouttes d'un geste machinal, puis se tourna vers la mage. Celle-ci, sous forme de renarde ne pouvait pas parler, alors elle reprit forme humaine. Elle s'approcha doucement de sa cousine et s'accroupi près d'elle mais pas trop, elle examina sa cheville du regard. Difficile juste du regard... Donc, la rouquine murmura qu'elle devait la toucher à la cheville pour voir si c'était juste une entorse ou quelque chose de casser, elle poussa un soupir de soulagement lorsque qu'elle palpa la cheville. Il n'y avait rien de casser, c'était juste une entorse. Elle sortit de un genre de petit pot de terre cuite contenant de l'huile d'arnica et du tissus de sa sacoche. Elle se leva et alla chercher deux branches de taille moyenne et revint auprès de sa patiente. Elle appliqua une grosse couche d'huile pour la douleur et ça empêchera l'entorse d'aggraver. Elle fit un premier bandage avec du tissus et appliqua une branche de chaque côtés de la cheville et ré-entoura avec du tissus. Elle mit ensuite un tout petit peu de suc d'aloès sur la lèvre qui saignait et dit.

- L'arnica te fera bientôt passer la douleur et t'empêchera de trop aggraver ton entorse et je t'ai mit de l'aloès pour que ta lèvre cicatrise plus facilement. Tu veux que je t'aide à te relever ? Et j'aimerai t'emmener au camp pour surveiller ton entorse mais j'imagine que tu ne veux pas...

Elle était toujours accroupie près de sa cousine et commençait à ranger ce qu'il restait de tissus et le petit pot dans sa sacoche. Elle s’essuya la main sur son short, elle savait que sa cousine en n'aurait surement rien à faire de la propriété des plantes mais elle aimait dire aux gens ce qu'elle utilisait pour soigner, comme ça si par chance ils prenaient le réflexe de savoir déjà quoi utiliser, par exemple quand elle n'est pas là ou quelque chose dans le genre. Puis finalement, Ombre redressa la tête vers Nopti et plongea son regard dans celui aveugle de sa cousine en attendant sa réponse.

**Morwyn**

Nopti Albe sentit sa cousine s'approcher d'elle et s'accroupir assez près. La fillette eut le réflexe d'amorcer un mouvement de recul mais elle s'immobilisa. à quoi ça servirait, de toute façon... Certes Ombre était comme tous les autres, mais elle n'allait pas la tuer. En tout cas, ça ne pouvait pas empirer comme situation. Toutes deux restèrent silencieuses un court instant puis sa cousine finit par murmurer qu'elle avait besoin de toucher sa cheville pour s'assurer que ce soit juste une entorse ou bien que la cheville était casser. Noptia la laissa faire sans grand enthousiasme.

Ombre lui palpa la cheville et Noptia retint un frémissement. Ses doigts étaient chauds par rapport au corps gelé de la fillette qui se demanda un instant si elle aussi aurait le corps aussi chaud si elle était restée dans le clan du Renard. Elle l'entendit pousser un soupir de soulagement et fouiller son sac, sortir quelques plantes et aussi quelque chose qui devait ressembler à un pot en matière dure, sûrement de la terre cuite au son creux qu'elle provoqua en se posant sur le sol. Puis sa cousine se leva. Noptia imagina clairement la scène : la jeune femme marchait et cassait deux branche, avant de revenir vers la petite fille qu'était sa cousine vagabonde, contre son gré. Ombre lui mit une grosse dose d'huile sur la cheville avant de lui faire un bandage en tissu. Elle mit une branche de chaque côté de la cheville de sa cousine avant de refaire un bandage en tissu solide. Elle appliqua ensuite un peu de suc sur la lèvre de Noptia qui saignait puis lui expliqua :

- L'arnica te fera bientôt passer la douleur et t'empêchera de trop aggraver ton entorse et je t'ai mit de l'aloès pour que ta lèvre cicatrise plus facilement. Tu veux que je t'aide à te relever ? Et j'aimerai t'emmener au camp pour surveiller ton entorse mais j'imagine que tu ne veux pas...

La mage du clan du Renard commença a rangé toutes ses affaires. Nopti Albe garda le silence un moment. Elle s'efforçait de retenir le nom des plantes que sa cousine lui listait et aussi leur odeur, leur utilité. Car elle, elle n'aurait pas toujours un mage sur qui venir pleurer si elle se faisait un petite coupure. De plus elle était aveugle, ce qui ne lui facilitait pas la tâche.

Noptia tenta de se relever et grimaça. Malgré les soins de sa cousine, c'était très douloureux, et pas discret. Or, la vie de Noptia ne tenait qu'à un fil, et elle devait jouer sur sa petite taille, son agilité et la discrétion pour s'en sortir. Et comment être agile et discrète avec cette entorse et ce bandage? Nopti Albe fit un effort pour se lever et fit quelques pas hésitants. Elle chancela soudain, perdant l'équilibre, et se rétablit tant bien que mal avant de se rasseoir, résignée. Il lui fallait réfléchir. Trouver une solution.

Elle ne pouvait pas rentrer au camp du Renard, d'abord parce qu'elle n'était même pas sûre qu'on la laisse entrer, même blessée, et savait très bien que l'hostilité serait à son comble. Pourtant, elle ne pourrait pas survivre trois jours avec cette cheville. Consciente du regard de sa cousine posé sur elle, Nopti Albe réfléchit un instant sur son destin, comme elle ne l'avait plus fait depuis des années. Alors elle dit d'une voix à peine audible :

"S'il te plait, cache-moi au camp. Juste le temps de guérir..."

FIN

**» Moïra**

15 DDB toutes les deux!

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