Le soleil était à son summum. La journée était magnifique. Sheffra c'était levée aux aurores, et depuis le matin, la jeune fille faisait du canoë aux grandes chutes. La chaleur était telle qu'elle ne le regretta pas. La lieutenante partait souvent seule, elle n'aimait pas être accompagnée. Parfois, une de ses amie venait mais la plupart du temps elle s'isolait. Son chef était assez grand pour se débrouiller seul et s'il avait besoin d'elle il lui faisait savoir. De plus, en ce moment les temps n'étaient pas troublés.

A grands coups de pagaie, la jeune fille s'approcha des chutes. Un grand nuage d'écume s'en dégageait. La lieutenante revint vers le milieu du bassin et se déshabilla. Puis, une fois ses vêtements au sec dans un recoin de la pirogue Sheffra sauta dans l'eau, et éclaboussa les alentours où il n'y avait ... absolument personne.
Sheffra aimait la douceur de l'eau qui glissait contre sa peau foncée, la fraîcheur des chutes qui l'aidaient à lutter contre la chaleur épouvantable.

-AHHHHHHHHHHH!

La jeune fille sursauta. Ne venait-elle pas d'entendre un appel au secours ? Elle leva les yeux vers les chutes et là, elle vit une pirogue, qui allait tomber.
Ni une ni deux, la jeune fille nagea jusqu'à sa pirogue, se rhabilla rapidement et rama de toutes ses forces, il fallait sauver la personne qui allait tomber! Elle arriva enfin sous les chutes, sans trop savoir que faire.

-Tiens bon! Je...je vais t'aider. Je vais...je vais monter par la terre et te rejoindre. Tiens bon encore un peu !

Mais la personne qui était en danger n'en pouvait plus. Alors, Sheffra assista avec horreur au drame. La jeune fille qui se trouvait dans le canoë sauta, et tomba dans les remous.

-NOOOOOOOON!

Trop tard. La lieutenante n'avait put la sauver. Le canoë venait de tomber, et se brisa, sous les yeux de Sheffra. Et celle-ci ne put empêcher les larmes de couler. Elle avait été nulle, elle n'avait pas été capable de venir en aide à cette personne qui venait de mourir par sa faute. Agitée de convulsion, elle eut à peine le temps de voir un bras qui surgit des profondeurs, que déjà il avait disparu. Un nouvel espoir renaquit chez la jeune fille. La jeune lieutenante n'hésita pas, elle plongea et chercha la noyée. Elle se débattait sous l'eau, et peu à peu , elle lâcha les dernières bulles d'oxygène qu'il lui restait. Sheffra tendit la main, et agrippa avec force le bras de la jeune fille en danger. Elle la porta jusqu'à sa pirogue, et lui fit cracher l'eau de sa bouche. La miraculée inspira un grand coup, et ouvrit les yeux. Elle avait réussit !

La jeune fille ouvrit les yeux, cracha un peu d'eau, inspira de grande bouffées d'air et murmura un faible merci avant de se laisser retomber sur le dos. Peu à peu, sa respiration se fit plus calme et silencieuse. Sheffra sourit.

-De rien.

Elle savait que même si elle ne répondait pas, elle avait entendu. La jeune louve attendit quelques instant, le temps que l'inconnue soit rétablie, elle ne voulait pas la brusquer. Elle dégagea le visage de la noyée pour mieux voir son visage : il lui rappelait quelqu'un, mais elle ne savait plus bien qui.

-Salut. Moi c'est Sheffra, lieutenante du clan du loup. Et toi?


La jeune fille acquiesça devant la réponse de son amie. Oui, c'était bien Moïra, chef du clan du renard. Elle l'avait rencontrée à l'assemblée lorsqu'elle avait du remplacer Kunaï.

-J'espère que tous les renards ne sont pas aussi rêveur que toi, sinon vous êtes mal barrés et votre espèce va finir par s'éteindre ! plaisanta-t-elle.

Elle sourit à la renarde et tourna les yeux vers les chutes. Sans cette péripétie, jamais elle n'aurait rencontré la renarde, et elle dut s'avouer qu'elle était plutôt contente que Moira fut d'humeur aussi rêveuse ce matin là.

Moïra poussa un gloussement avant d'ajouter :

- Encore Merci pour ton aide, sans toi, ça serait fini. Tu es donc du clan du Loup ? Nous ne sommes pas si différentes!
plaisanta-t-elle.

Son amie se tut, et demeura pensive quelques instants avant de déclarer, un sourire éclatant sur les lèvres:

-Ça te dirais une partie de pêche ?

Sheffra accepta, très enthousiaste. Elle observa un instant Moïra, et imprima son visage dans sa tête.
Une jeune femme d'environ 20 ans, belle. Très belle. Un visage encadré par de grandes boucles chocolat, une chevelure mi longue.

-Tu as quel âge? demanda-t-elle enfin, Tu m'as l'air jeune pour un chef...

[ Ajoute quelque chose ici]

Un poisson sauta hors de l'eau, puis disparu dans les profondeurs. Les eaux étaient magnifiques, tout comme la journée.

-Nous allons pêcher sur ma pirogue puis une fois nos sac pleins, nous allons voir ce que nous pouvons faire pour ton canoë . D'accord?

Très excitée, la jeune lieutenante éclata d'un petit rire joyeux. Elle était très solitaire, mais la présence de Moïra l’apaisait. La compagnie était si rare que la jeune fille décida d'en profiter, cette journée serait magnifique.

Moïra ouvrit la bouche pour répondre, quand elle tourna soudainement la tête. Un poisson sauta hors de l'eau, puis disparu dans les profondeurs. L'eau bleue turquoise était magnifique. Un grand sourire se dessina sur les lèvres de son amie.

- J'ai.. J'ai 20 ans dans 6 lunes.

Puis elle se releva d'un bond, et toisa Sheffra d'un air joyeux.

- Allez, c'est moi qui vais gagner!

Ensuite, elle prit des harpons de bois posés dans un coin de la pirogue et se jeta dans l'eau dans un magnifique plongeon. Suivant son exemple, Sheffra piqua une tête après avoir attrapé son harpon. Elle éclata de rire sous l'eau, se qui créa de grandes bulles. Elle se laissa porter par le courant, observant les petits poissons et essayant d'en attraper quelques uns. Le plaisir de l'eau glissant sur sa peau, ses cheveux mouillés comme lourds mais si légers. Le plaisir de faire des virevoltes, de voler. Nager...
Soudain, surgissant des profondeurs, un énorme poisson fit son apparition. Sheffra sursauta, surprise et poussa un cri avant de le regretter. Moïra tourna la tête et l'observa d'un air moqueur. Mais la lieutenante prit son harpon, et embrocha le poisson avant qu'il n'ait le temps de regagner un lieu sûr. Victoire. Sheffra observa à son tour Moïra d'un petit air satisfait. Et toc !
Même si la jeune fille savait qu'elle n'allait pas tarder à avoir une prise, elle voulait sa revanche! Ses suspicions s'avérèrent justes quand Moïra remonta à la pirogue d'un air triomphant, un énorme poisson, de la taille de celui de Sheffra embroché sur son arme. La lieutenante sourit.

-On a bien travaillé, nos clans seront contents.

Puis elle ajouta:

-Et si on s'occupait de ta pirogue maintenant ?

La peur que son amie refuse grimpa sournoisement en elle, mais elle la fit taire. La jeune fille avait vraiment envie de passer plus de temps avec Moira, et son départ la rendrait triste. Elle attendit la réponse de la meneuse, le cœur battant.

-On a bien travaillé, nos clans seront contents. Et si on s'occupait de ta pirogue maintenant?

Moïra observa l'endroit où la pirogue avait sombré, d'un air pas très convaincu. Elle semblait douter de la manière dont toutes deux s'y prendraient pour réparer l'engin.

- Je veux bien, mais.. Comment comptes-tu t'y prendre ? c'est impossible de la réparer. Je peux rentrer seule à mon
clan, tu sais, cela ne me dérange pas de marcher un peu! Je me referais une pirogue un autre jour!

En entendant ses paroles, Sheffra ne put s'empêcher de crier:

-Non s'il te plait !

Puis, voyant l'air étonné de son amie elle se reprit:

-Enfin, je veux dire, on peut s'en occuper, cela ne me dérange pas. Je pense qu'a deux, on est capable d'en soulever une partie, expliqua-t-elle en désignant quelques morceaux- assez gros tout de même-qui flottaient près des chutes.

La jeune fille savait que si elles ne pouvaient réparer la pirogue, elle passerait du bon temps avec son amie. La simple idée qu'elle puisse repartir aussi vite la rendait triste. Sheffra avait des responsabilité-tout comme Moïra- et elle n'aurait sans doute pas l'occasion de se revoir de si tôt.

-Je...Tu vas partir bientôt? Demanda-t-elle timidement, parce que..enfin..tu pourrai attendre jusqu'à la fin de la journée, ton lieutenant s'occupe sûrement bien du camp...

Elle hocha la tête.

-Bon, allons voir cette maudite pirogue!

A nouveau, Sheffra se lança dans l'eau suivit de Moïra.

-Alors, je propose que l'on ramène ce bout de bois sur la berge et que l'on vienne en chercher d'autres. Ainsi, on pourra voir ce qu'on en fera.

Elle plongea sous l'eau et, aidée de son amie, elle put ramener le morceau de pirogue sur la berge. La traversée avait été fatigante, le bois, imprégné d'eau était vraiment très lourd, même sous l'eau. Elle s'approcha d'un arbre, et se laissa tomber, pour se reposer quelques minutes. Cela lui permettrait de faire connaissance avec Moïra!

-Tu ne te sens pas prête ? Pourtant tu as vraiment assuré à l'assemblée. Je serais toi j'éviterais de me rabaisser, tu vaut bien plus que tu ne le pense, crois moi !

Sheffra sourit chaleureusement à son amie, manière de lui prouver qu'elle pensait vraiment ses paroles. Moïra hocha la tête, et elle enchaîna :

-Nous ne manquons pas de gibier pour l'instant, il fait encore beau. De plus que j'ai d'autres problèmes ... Kunaï m'inquiète, il semble bien plus malade qu'il ne veut l'avouer. J'ai peur de ce qui va arriver .

Elle resta un instant songeuse, perdue dans ses pensées avant de se rendre compte qu'elle venait d'avouer une faiblesse - et une grande - de son clan. Aussi, elle ajouta rapidement :

-Mais il va se rétablir, si notre mage n'est pas inquiète c'est que je suis parano.

Sa pirouette de rattrapage fut suivi d'un rire forcé qui en sembla pas tromper Moïra mais elle comprit et ne dit rien. Même si Sheffra la considérait comme une amie, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver. Elle se leva enfin, et, décrétant que la pause était terminée, plongea dans l'eau afin de récupérer les derniers petits morceaux de bois. Vint ensuite le plus difficile. Il leur fallait couper du bois, afin de remplacer celui de la coque. Il était évident que même sec, le bois de l'ancienne pirogue ne serait jamais fort comme il l'était avant, la jeune lieutenante sortit donc une petite hachette de sa ceinture, et se dirigea à grands pas vers la forêt. Moïra la suivit, elle avait elle aussi son outil pour couper du bois. La jeune louve laissa Moïra choisir l'arbre qui ferait sa future pirogue, car elle avait toujours considéré cela comme étant un choix personnel. Une fois ceci fait, et après avoir prononcé une rapide prière pour que l'esprit de l'arbre se trouve vite un autre refuge, toutes deux se mirent au dur travail. C'était assez épuisant, et bientôt, les muscles de Sheffra crièrent grâce mais elle les fit taire, bloquant son esprit sur une seule tâche : couper cet arbre. Les plaintes étaient déchirantes dans son esprit, mais sa détermination était plus forte et elle continua et continua encore à couper, couper et couper. C'était bien pus épuisant que de ramener une pirogue imbibée d'eau sur terre, et pourtant ni elle ni Moïra ne flanchèrent. Lorsque l'arbre s'écroula sur le sol dans un nuage de poussière, Sheffra se laissa tomber sur le sol et inspira de grandes bouffées d'air avant de s'étouffer. La tâche s'était passé en silence, et la jeune fille espérait que cela ne gênait pas la chef du clan du renard. Elle avait un sérieux problème pour meubler une conversation, le silence lui convenait mieux. Bien sur, elle était très sociable, mais parfois, se taire est la meilleure façon de communiquer.

-On a fait du bon travail.