Moïra était alors dans une immense forêt. Encore plus sombre que la forêt sombre. Elle ne savait pas quel était cet endroit, il était vraiment effrayant. Des craquements, des sifflements arrivaient de tout les côtés. Elle était essoufflée, se tournait dans tout les sens et n'apercevait rien. Soudain, d'immenses yeux jaunes jaillirent de l'obscurité, accompagné d'un rugissement résonnant. Des gémissements sortaient de la gorge de Moïra, qui respirait de plus en plus vite et dont les joues étaient inondées de larmes. Elle fixait le loup. Oui, c'était un loup qui sortit de l'ombre, et qui s'approchait vers elle. Moïra se mit à reculer, lentement. Elle était terrifiée. Soudain, son talon cogna une racine et elle tomba en arrière. A présent, elle rampait. Elle gémissait, elle pleurait. Le loup bondit soudain, la jeune chef se replia sur elle même, et mis sa main pour se protéger. Quand il ouvrit la gueule droit sur elle, elle poussa un cri effrayant. Puis plus rien, tout noir.

Moïra se redressa en sursaut de sa couche. Elle était trempée. Un cauchemar, un énorme cauchemar. Elle se levât et se dirigea vers un bol d'eau, et s'aspergea la figure. Ca n'était pas un cauchemar anodin. Non, ce loup lui rappelait vraiment quelqu'un de familier. L'expression de ses yeux étaient.. Non, c'est impossible.
La jeune chef se précipita dans une corbeille géante, et sorti toutes ses affaires de l’intérieur. Elle était à moitié à l'interieur, quand, enfin elle se releva des objets à la main. Elle s'assit sur sa souche d'arbre, et, pensive, elle regardait émotivement ces objets. Il y avait une peau. Un petit morceau de peau, qu'elle s'empressa de déplier. A l'interieur était dessiné un portrait. Celui de son père. Elle ne l'avait jamais connu. Enfaite si, elle avait un vague souvenir de lui, un homme grand et blond. C'est tout, elle ne savait même pas son nom. Oui car elle avait vécu avec sa mère, dans le clan de la loutre, alors que son père était dans celui du loup. Un amour interclan, un amour interdit... Ces objets, sa mère le lui avait donné, c'était un cadeau de son père. Pourquoi dis-je qu'il y avait plusieurs objets ? Parce qu'a l’intérieur de la peau, il y avait un collier. Une fine ficelle de lin, avec pour seule perle, une pierre d'améthyste.

Moïra resta immobile un moment. Le seul mouvement qui se manifesta, sont deux larmes qui roulèrent sur ses joues. Soudain, elle se releva, le regard déterminé. Elle enfila vite son pantalon et ses bottes, puis un pancho en peau d'auroch. Pour finir elle contempla son reflet dans le bol d'eau, et accrocha son collier autour du coup, en plus de son totem. Elle coinca sa dague dans sa ceinture ainsi que le morceau de parchemin. Puis, elle sortie à toute vitesse de sa tente. C'était l'aube, mais Kazan, son lieutenant était déja reveillé. Il avait surement dû entendre le cri de Moïra, vu son regard interrogateur. Elle lui lanca un rapide "Ce n'était qu'un cauchemar, je dois y aller, je ne sais pas quand je rentrerais. Je ramènerais du gibier."

Elle savait exactement où elle allait. Sur les traces de son père. Trop de mystères, trop d'attente. Il fallait qu'elle le connaisse. Qu'elle en sache plus sur lui. Elle allait au clan du Loup. Elle allait devoir marcher une bonne heure ou deux. Elle se transforma. En renard, c'était déja plus rapide. Quand elle arriva au camp, les guerriers la fixaient avec un regard froid. Aussi, comme signe de paix, elle devait présenter la paume de sa main. Elle ne savait pas vraiment où aller.. peut être qu'aller voir la Mage du Clan l'aiderait ? Mydria était très réputée pour sa sagesse & ses connaissances. Oui, elle devait avant tout se renseigner aurpès d'elle. Quand elle arriva devant son antre, elle entendit une conversation assez forte. Une personne, légèrement énervée, élevait la voix. Moïra s'assit donc, et attendit que cette personne sorte.

Tout à coup, une grande femme blonde sorti de la caverne. C'était Braise, la chef du clan du lion. Elle avait un regard sévère mais auquel on savait que l'on pouvait donner sa confiance. Moïra se redressa aussitôt, quand elle vit l'autre chef la toiser avec insistance. Moïra planta ses yeux dans les siens. Ces.. ces yeux! c'étaient les même que ceux de son père! A ce moment, la renarde ne pensait même plus à aller voir la mage. Trop de questions se bousculaient dans sa tête.

Soudainement, elle vit Braise fixer son cou, avec amertume, et des larmes coulèrent sur ses joues roses. Moïra toisa son collier. Et alors ? pourquoi regardait-elle son collier ? Elle ne le compris que lorsque la jeune blonde porta sa main à son cou, pour serrer en son poing, un collier parfaitement identique. Par les Créatures Divines, comment cela était-il possible ?

« Ma mère était mage du clan du Loup, elle est morte en me donnant la vie et vu qu'on a apparemment pas beaucoup d'écart en âge, notre père à pas mis longtemps à faire son deuil! »

Moïra n'insista pas. Sa sœur avait parlé sur un ton tellement dur, qu'elle se tut. La lionne semblait énervée. C'est alors quelqu'un se pointa. Le père de Moïra, elle n'eut aucune difficulté à le reconnaitre par rapport aux traits de Braise, mais aussi grâce au portrait sur le parchemin. Elle aurait imagniné ce moment autrement. Elle qui avait tant attendu cet instant, elle avait à la fois une boule au ventre et la gorge serrée, mais était vexée. Elle avait aussi vu qu'il continuait sa chasse aux femelles; il était accompagné de deux jeunes femmes, une dans chaque bras. Braise se mit alors à courir énervée vers son père, Moïra la suivit, et lorsque la Lionne leva le bras, Moïra lui attrapa, et la tirait en arrière. Pas besoin de se battre!

« Ah mais qu'est ce que tu fais! Lâche moi! Je veux le frapper et je vais le frapper! »

Moïra eut de plus en plus de mal à retenir la lionne en furie. Leur père, avait l'expression un peu gênée. La renarde se demandait si il l'avait reconnue. Moïra n'en pouvait plus, elle lacha prise. Les deux filles partirent vivement, et Braise dis sur un ton narquois:

« Alors tu comptes me faire une deuxième soeur ou j'en ai déjà quatre? »

Puis elle assena un puissant coup de poing dans la joue de son père. Braise se tourna vers la renarde, qui était quand à elle, ébahit.

« Si tu veux te défouler c'est le moment soeurette! »

Moïra toisa Braise, qui la regardait d'un sourire complice. Puis, elle tourna les yeux vers son père, qui recula de quelques pas, et, voyant que Moïra ne faisait rien, lui fit un petit sourire comme pour l'amadouer. La renarde hésita, mais lorsque son père lui fit un sourire plus grand, elle ne put se controler. Après tout, pourquoi pendant 20 ans n'avait-il pas montré le bout de son nez ? Moïra s'avanca vers lui d'un pas décidé, puis, une fois arrivée devant son père, elle s'arrêta devant son regard souriant. Elle fit semblant de partir, et, lorsqu'elle tourna le dos, elle se retourna d'un coup et lui assena un poing énorme.

« Bonjour Papa! Heureuse de te rencontrer pour la première fois depuis vingt ans. Tu te souviens de moi n'est-ce-pas ? Je suis Moïra, ta fille! »

Devant l'air intrigué de son père, elle se tourna vers Braise. Elle ne comprenait pas. Elle lui dit alors:

« Peut être est-ce normal que tu m’aie oubliée. Tu m'as donné ceci lorsque je suis née.»

Elle montra son collier et le parchemin.

Oh! suis-je bête! Peut être que tu m'as donné cela juste pour marquer le coup, et à laché ma mère juste après, oui, peut être ne t'en souviens même pas. Anaïa, du clan de la Loutre, ca te dit quelque chose ?»

Elle était sur le bord des nerfs, et sortit sa dernière phrase d'un ton agaçant et arrogant. Et dire qu'elle avait toujours voulu rencontrer son géniteur, tant d'attente, tant de hâte... pour ca! La renarde recula et alla sa ranger aux côtés de Braise Étincelante, sans mot dire.

- Moi dans mon clan ça va plutôt bien! J'ai nommé ma nouvelle lieutenante et puis nous avons un nouvel apprenti-mage mais comme toi, nous n'avons toujours pas trouvé de mage et Pardalis est trop jeune et à encore beaucoup de choses à apprendre pour le devenir. J'espère que les ancêtres nous apporterons vite un mage car en temps de guerre, un mage peut s'avérer quand même assez utile!

Elle sourit à la renarde, et elles continuèrent leur route silencieusement quelques instants. Silence qui fut interrompu lorsque Moïra se prit le pied dans une racine qui sortait du sol, puis elle se rattrapa contre un arbre, en faisant un sourire gêné à l'attention de sa soeur. Ses yeux étaient cachés par ses mèches de cheveux, tant mieux d'ailleurs. Lorsqu'elle se remit aux côtés de Braise, elle ne savait pas vraiment quoi dire. Disons qu'elle était assez stressée actuellement. Allez savoir pourquoi ? Découvrir que l'on avait une soeur du jour au lendemain, c'était pas spécialement une sensation plaisante, surtout lorsqu'on croise cette personne assez souvent et qu'elle est chef de clan. Les lions étaient nobles et courageux. Moïra était certaine que c'était le cas pour sa soeur, et elle méritait amplement d'être chef. En revanche, pour son cas personnel, la renarde était plus douteuse. Si il n'y avait pas eu d'incident, elle ne serait probablement pas devenue ce qu'elle est. Ou peut être que si ? Un grand mystère. Elle posa sa main sur son bassin en y pensant.

Chassant de sa tête la nostalgie, la renarde regarda quelques secondes autour d'elle, et remarqua un immense bosquet rempli de baie.

- J'ai faim, pas toi ? Par contre il ne faut pas qu'une patrouille du Clan du Loup nous trouve sur leurs terres, même si je connais bien Sheffra, notre raison d'initiale n'est pas une excuse pour trainer.

Puis elle se dirigea vers le bosquet, et cueilli quelques baies d'un des deux côté du buisson, Braise à l'opposé. Elle plaça les baies dans le rabat de son haut, pour éviter de les faire toutes tombées en les portant. Ensuite, elle fini par s'asseoir contre un rocher et posa sa récolte à côté d'elle. Ensuite elle dégusta son repas, en compagnie de sa soeur. Tout était tranquille, lorsqu'elle entendit un craquement derrière elle. Par réflex défensif, Moïra prit sa forme animale et se tapit au sol, guettant tout bruit de ses longues oreilles noires. Si c'était un guerrier du clan du loup, elles et leur réputation de chef étaient fichus. Mais si c'était autre chose, il fallait savoir quoi.