Enfin l'automne ! Enfin la sécheresse interminable laissait place à un climat plus humide ! Mais ce climat était bien plus ombrageux que nécessaire. La guerre, les sans-totems qui revenaient, le froid, les maladies. Voilà ce que transportait aussi l'automne, laissant derrière lui bien plus de désolation que de consolations. C’est le cœur gros qu’Etan inspectait les territoires neutres pour trouver une trace de ces vauriens solitaires qui avaient semé le trouble au sein de la forêt. Ils n'étaient pourtant plus qu'une dizaine tout au plus. Tantôt fous, tantôt malveillants, tantôt les deux. Bien sûr, il en restait qui ne faisaient que vivre tranquillement dans le Silver Wood. Mais la plupart, trouvant leur existence trop fade, préféraient faire souffrir les autres plutôt que de les aider. Cela ajouté aux problèmes fréquents de divergence entre les clans, les nerfs des habitants de la forêt étaient tiraillés. Fatigués, ils avaient du mal à se concentrer et c’est ce qui faillit coûter la vie au guerrier. Il passait près des chutes, cherchant un éventuel campement près du cour d’eau. Les animaux étaient très présents dans ces zones, surtout les ours. Et oui, les ours de clan n’étaient pas seuls. On en trouvait donc un certain nombre en amont des chutes, surtout avant leur période d’hibernation, c’est-à-dire au début de l’automne. Etan passa plusieurs heures à vérifier chaque recoin, chaque arbre, chaque grotte. Rien. La paix, le clame, le vide. Il n’y avait rien de tel en ce moment ; pas souvent dans tous les cas. Le jeune homme décida donc d’en profiter pour se réapprovisionner en eau. Mais une fois sa gourde remplie, il sentit une présence dans son dos. Il se retourna et se retrouva nez à nez avec un gros museau poilu. S’écartant pour voir la bête de plus près, elle trébucha, laissa tomber sa gourde et tomba dans l’eau en essayant d’éviter la grosse patte de l’ours qui semblait avoir envie de le goûter. Mais la loutre réussit tant bien que mal à retrouver la terre ferme avec sa gourde remplie à la main. Et il n’était pas seul. L’ours, toujours aussi intrigué par le jeune humain l’avait suivi. A cause de lois sacrées, Etan ne pouvait pas attaquer la bête. Il dut donc fuir. Sans même avoir le temps de se transformer, il sentit la grosse patte poilue dans son dos. La bête le poussait ! Le courant emporta le jeune homme qui, malgré ses efforts, ne pu trouver de prise où s’accrocher. Il essaya de se transformer mais la corde de son totem s’était coupée sur une pierre lisse et le morceau de bois flottait, hors d’atteinte. Il se fit donc emporter vers les chutes. Avant de tomber, il cru voir une lueur d’intelligence dans le regard de l’animal. Un guerrier du clan de l’ours ?! Non, la guerre le rendait paranoïaque, pourquoi les ours feraient-ils une chose pareille, ils n’avaient aucune idée de son alignement. De plus, ils serraient sûrement leurs alliés. Après tout, les ours et les loutres ont toujours été ensembles peu importe les circonstances. Leur amitié bravait le temps et les guerres, personne ne savait pourquoi mais ces clans étaient liés. Non, ce n’était que son imagination. En attendant, il était toujours tiré vers une chute mortelle. S’il mourrait, cela n’aurait plus d’importance que ce soit ou non un guerrier qui avait causé sa perte. Soit, il regarda son totem et les quelques rochers qui se tenaient entre lui et les quarante mètres de haut de la cascade. C’était possible, c’était sa seule chance de retrouver son totem intacte. Sans lui, il ne survivrait pas. Il s’agrippa à un rocher mais la puissance de l’eau qui déferlait sur lui le fit lâcher prise. Il réussit néanmoins à rattraper son totem. Trop tard. Quand le bois toucha sa peau et qu’il pensa à se transformer, il touchait déjà l’eau tant redoutée. Il était transformé mais avait respiré de l’eau alors qu’il était encore sous forme humaine. Doucement, il sombrait. Son corps écailleux dansant avec les profondeurs glacées. C’était un comble de mourir noyé, lui qui était un nageur hors pair parmi les meilleurs du clan de la loutre. Il ne pensait plus à rien, relâchant le peu d’air qu’il lui restait. Son dernier espoir s’envolant avec la lumière du jour qui disparaissait peu à peu tandis qu’il fermait les yeux.

[C'est court, désol mais j'aime bien l'histoire en elle même, chuis contente de moi =D) (PS : Me laisse pas creuver, sauve-moi ! XD Chuis sous forme de loutre, chuis pas lourd !)