Ce matin, Tristan s'était levé tôt pour aller chasser. Il falait nourir le clan et puis, il avait besoin d'un peu d'exercice. Ses cours avec Pardalis lui permettaient de se défouler mais la chasse était le seul moyen de ne plus faire qu'un avec le lion qui était en lui et la sensation que l'on éprouvait quand cela se produisait était indescriptible. En tout cas, c'était vraiment agréable. Quand le guerrier sortit de sa tente, il vit sa chef entourée de plusieurs guerriers. Il s'approcha et entendit ces paroles :

-Bonjour à tous, ce matin je part à la chasse, vont avec moi Liyan, Arisa, Tino et .....

Tristan avança d'un pas afin de se proposer mais la meneuse voyait la situation d'un autre oeil. Il la vit survoler le rang de guerriers qui se tenait devant elle avant de citer en hâte un dernier nom.

- Eu.... Yolun, voilà ça ira pour ce matin, bonne journée à tous, vous venez avec moi!

Elle l'avait fait exprès. Depuis leur rencontre, les deux lions ne pouvaient pas se voir. Ils étaient toujours en conflit. Il leur était même arrivé de se battre. Le jeune homme en avait marre de ses enfantillages mais taquiner Braise était tellement divertissant. Il décida de suivre le groupe. Sous sa forme de lion, il n'était vraiment pas discret. Il du donc se résoudre à rester humain. Pénétrant au coeur dee la forêt, il pouvait se cacher dans les arbres et les suivre sans être vu. De toute façon, les lions étaient distraits par l'odeur de gibier et ne s'intéresseraient pas à celle d'un humain. Il vit sa meneuse s'arrêter et prendre en chasse un jeune daim isolé. Elle réussit sans mal à le tuer puis voulut le ramener plus près du camp. Elle se rapprochait du guerrier qui se rendit compte trop tard de son erreur. S'il bougeait, il était repéré. A se moment là, il était à terre et donc exposé au danger. Il ne lâchait pas Braise des yeux. Malhereusement, elle l'avait senti. En quelques secondes, elle arriva sur lui et le projeta au sol. Quand elle vit son visage, elle redevint humaine et se mit à crier.

- Tristan, espèce de parfait imbécile! Je ne t'ai pas demandé de venir avec nous! Comment oses-tu!!! Je suis ta chef je te rappelle! Combien de fois vais-je devoir te le répèter tu es sourd ou quoi! Mais bon sang pourquoi tu m'écoutes jamais hein? Tu es le Lion le plus stupide de la forêt! Tu devais rester sagement au clan, NON, il a fallut que tu viennes tu n'es qu'un gamin!

Elle avait l'air en colère. Tellement en colère qu'elle n'avait pas prit le temps de se déplacer et était toujours au dessus du guerrier.

-Tu sais que t'es belle quand tu t'énerves ?

Là, elle était vraiment énervée. Tristan vit sa main se préparer à s'abattre sur lui. Il attrappa son poignet d'une main et poussa le sol de l'autre. C'était maintenant la guerrière qui était au sol. Il la fixa un moment. C'est vrai qu'elle était belle. Pas magnifique mais belle tout de même. Il sourit devant son visage surpris et se releva.

-Ah ! T'as rougit !

Elle se releva à son tour et comme dans toute bonne histoire d'amour, trébucha pour se retrouver dans les bras de l'homme qui se tenait de vant elle. Mais là, ça ne se passa pas vraiment de la même manière. Tristan fit un pas sur le côté et la meneuse réussit à se ratrapper à temps pour ne pas avoir le visage rempli de terre. Elle ne se releva pas tout de suite. Voyant Tristan rire à moins d'un mètre d'elle, elle lui fit un croche-pied avec une puissance fénoménale. Il ne pu parer son coup et se retrouva de nouveau couché sur le dos. Ils étaient comme des enfants. Bien que ses sentiments pour Braise ne soient pas positifs, il ne la détestait pas. Pas beaucoup.

-Ecoute. J'avais envie de chasser et tu n'as pas voulut me prendre avec. Je suis parti de mon côté. Je ne vous suivais pas.

Il vit l'expression de la jeune femme et comprit qu'elle n'était pas dupe. C'était une fine enquêtrice.

-Enfin, un petit peu. Mais j'ai rien fait de mal bon sang ! Y a pas mort d'homme. Aller, on peut chasser ensemble ? Tu n'as aucune idée de mon niveau en la matière. T'as jamais pris le temps d'observer si j'étais un bon guerrier. J'aurais déclenché la guerre que tu ne l'aurais pas su. Et puis, je suis ton aïné, faut respecter les vieux.

Il sourit. Elle aussi. Il ne l'avait jamais vue sourire, pas de près. Elle avait l'air heureuse. C'était incroyable de la voir ainsi, elle qui est toujours si sérieuse, si distante avec lui.

Elle ne pouvait pas nier le fait qu'il était un guerrier de son clan. A moins qu'elle ne décide de lui retirer son totem pour se débarrasser de lui ? Non, c'était trop voyant. Elle préférait être méchante discrètement. Elle passa quelques secondes à réfléchir. Elle essayait de trouver une issue ? Un moyen de lui échapper ? Mais c'était impossible de toute façon. Elle finit par capituler et déclara lacement :

-Bon d'accord, juste une partie de chasse ! Après on ira retrouver la patrouille !

Elle lui adressa un sourire espiègle Qu'avait-elle encore inventé ?

-Et ne te fais pas d'illusion, je ne vais pas devenir "gentille" avec toi, t'avais qu'a pas te pousser tout à l'heure !

Hum... En vérité, il n'avait pas vraiment eu envie de se pousser. Bien qu'elle fut sous sa forme animale, son poids ne l'avait pas vraiment dérangé et rien que le fait de la voir s'énerver lui hottait toute envie de regretter. Le guerrier prenait un malin plaisir à la faire sortir de ses gonds. La meneuse partit en tête après avoir repris sa forme féline, suivie de près par le jeune homme. D'un peu trop près peut-être. Ils coururent à travers les arbres et les ronces avant d'arriver devant la frontière. Il y avait là, au beau milieu d'une clairière ensoleillée, un jeune élan. Une prise de choix. Tous deux retrouvèrent leur aspect habituel et Braise banda son arc, prête à tirer. Elle s'arrêta net au moment ou son doigt allait lâcher la corde et se tourna vers lui :

-Montre moi ce que tu sais faire !

On sentait dans sa voix un mélange de défi et d'agacement. La journée allait être riche en émotion avec une chef au bord de l'explosion. C'était divertissant. Très divertissant. Armant son propre arc, il tira mais la flèche tomba bien loin du gibier. Il avait raté une cible aussi facile ! Braise s'apprêtait à lui lancer une remarque acerbe lorsqu'elle comprit. Tristan changea de forme et sauta à l'opposé de la flèche. Effrayé par le projectile, l'animal n'avait pas été sur ses gardes et termina sa vie en un long soupire avant d'être transformé en croquette pour chat. Pour très gros chat.

-Je la préfère bien fraiche, Dit-il en découpant la viande. Je n'en ai pris qu'une bouchée, tu ne vas pas m'en vouloir, si ?

Elle n'eu pas le temps de répondre qu'il avait terminé sa tâche et repartait vers le Sud. Une odeur étrange attira son attention. Braise en colère ? Non, cette odeur là était devenue familière. Mais qu'était-ce ? Il attendit la jeune lionne et partit pour en avoir le cœur net. Il courut le plus rapidement possible, sachant qu'il devait faire ses preuves avant la tombée du jour sinon il resterait un pauvre guerrier sans distinction aux yeux de la terrible Braise. Quand il comprit et voulut s'arrêter, il était trop tard. L'odeur qui l'avait fait penser à la féline n'était pas ce qu'il pensait. Il arriva sous un énorme séquoia... Nez-à-nez avec un tigre. C'était un couple de tigres roux/fauves. Ils ne se déplaçaient pas en groupe d'habitude ! Pourquoi maintenant ? La meneuse le rejoint et découvrit trop tard son erreur. Les deux vrais fauves avaient l'air affamés et se dirigeaient vers eux, le regard menaçant.

-On combat ou on se tire ? Deux contre deux ça devrait le faire non ?

Une nouvelle fois la guerrière n'eu pas le temps d'ouvrir la bouche. Le mâle se jeta sur eux, gueule ouverte.

Le tigre était fort. Heureusement, Tristan eu le temps de frapper le tigre au museau avant que celui-ci ne l'avale. La bête continua ses assauts. Tristan esquiva l'attaque suivante mais du blesser son adversaire au poignard pour que ses crocs ne se referment pas sur son cou. Il tourna la tête et aperçu sa chef qui se battait contre la femelle sous sa forme animale. Elle avait les griffes rentrées. Pourquoi ? Elle allait se faire tuer !

-Essaye la diplomatie! Parle-lui clairement, réglez vos différents comme deux félins normaux bons sangs ! Tu vas pas tuer un cousin !

Ben c'était facile à dire mais le tigre n'avait pas l'air de cet avis. S'il prenait le temps de se transformer, il risquait de ne pas pouvoir esquiver la prochaine attaque et donc de... Ben de mourir. Et ce n’était pas trop son objectif. Il ne pouvait pas non plus fuir car les tigres couraient très vite et qu'il n'aurait, encore une fois, pas le temps de se transformer. Brase l'interpela à nouveau :

- On se replie ! Ils ne font que protéger leur petit !

Leurs petits ? Quels petits ? Tristan huma l'air. Oui, il y avait bien des petits dans cette clairière. Les bébés tigres devaient avoir deux jours tout au plus ce qui expliquait l'odeur très faible qui se dissimulait derrière celle des parents. Donc ils avaient une chance de fuir. Mais le mâle s'acharnait. Tristan vit Braise sauter et l'attraper pour s'enfuir ensuite vers l'endroit où ils avaient laissé la carcasse. Le spectacle n'était pas ragoutant. Une demi-douzaine de vautours dégustaient LEUR repas. Braise rugit et fit fuir les charognards. Il ne restait presque plus rien de bon sur l'animal, elle n'était plus bonne à manger, sauf pour des vautours.

-Beurk, ça va être infect maintenant ! A toi l'honneur moi j'en mange pas !
-Réflexion faite, on va la laisser aux vautours. Mais c'est la saison des migrations, on va bien trouver autre chose avant la nuit.

Ils partirent alors en quête de gibier. Le troupeau auquel devait appartenir leur pauvre victime était proche. Un gros groupe d'élans paissait non lion de là. Les deux guerriers attaquèrent et quatre bêtes succombèrent dont une d'une taille impressionnante tuée par Braise. Deux autres avaient été attrapées par Tristan et la dernière revenait à la meneuse. Bien, c’était une bonne chasse. Le soleil se couchait. Ils étaient assez loin du camp et leurs estomacs criaient famine. Une clairière accueillante entourée de buissons de myrtilles et couverte d’une herbe grasse et fraiche s’offrait à eux ; une aubaine. Tristan alluma un feu et fit cuire la plus grosse bête. C’était jour de fête ! Une telle prise pour deux, ils allaient se régaler. Braise, quant à elle, avait rapporté de l’eau et des myrtilles. Un vrai repas de fête, il ne manquait plus que du jus et de la musique. Quand l’animal fut bien cuit, le guerrier découpa les meilleurs morceaux et les proposa à la jeune femme.

-Tu as faim? Je suis sûr que tu vas adorer.

En effet, il avait une réputation de bon cuisinier même s’il n’avait fait que rôtir la viande, c’était parfaitement cuit à point à l’intérieur et à l’extérieur. La guerrière lui fit signe que oui et attrapa l’assiette en terre qu’il lui tendait. D’accord, c’est bizarre un mec qui se balade avec des assiettes et surtout des assiettes intactes après un combat contre un tigre mais il les avait enveloppées dans plusieurs couches de tissus. Et puis, on a le droit de sa balader avec des assiettes si on veut ! Y en a qui n’aiment pas manger parterre, c’est comme ça. Enfin, ils dégustèrent leurs myrtilles, souriants. Ils n’avaient pas beaucoup parlé mais leur visage rayonnait. Et que valent des paroles lorsqu’un regard peut en raconter autant voir plus ? C’était ce genre de moments privilégiés qui restaient gravés dans les mémoires à tout jamais. Ils rentrèrent ensuite au camp. Il était vide. Ou presque. Deux guerriers gardaient l’entrée du camp et Pardalis marchait en direction de sa tente. La réserve était remplie de façon raisonnable, seules deux torches éclairaient le camp. Il était tard et les étoiles brillaient, entourant la lune qui était bien haut dans le ciel de jais.

-Bonne nuit.
[Ta réponse]

Tous deux partirent de leur côté, l’un vers la tente du chef, l’autre vers celle des guerriers. Tristan se retourna, courut vers Braise et attrapa sa main.

-Fais de beaux rêves.

Il l’embrassa sur la joue avant de lâcher sa main, tout doucement et de rentrer dans sa tente pour la nuit. Il n’avait pas attendu pour voir la réaction de Braise, de peur de se prendre une baffe. Il avança tout doucement, sans réveiller personne et quand il se coucha, il se remémora sa journée, la chasse, le repas et le magnifique sourire de la jeune chef.